Ma douleur et la vôtre: quelle différence?

Dans une série de billets publiés en 2022, j’ai réalisé un exercice de vulgarisation pour mieux comprendre le phénomène de la douleur, que celle-ci soit nociceptivechronique ou neuropathique. J’y décrivais aussi quelques caractéristiques d’une douleur causée par le syndrome douloureux régional complexe1.

Rappelons-nous que la douleur est d’abord et avant tout une expérience désagréable pour toute personne qui la ressent. D’un individu à l’autre, elle peut se manifester différemment, être tolérée différemment et être gérée différemment, mais elle demeure, à la base, une expérience déplaisante et incommodante.

Aujourd’hui, j’ajoute ceci: tout le monde a le droit d’avoir mal. Du simple mal de tête à la migraine, d’une petite coupure sur un doigt à une brûlure au deuxième degré, d’un genou écorché à la fracture d’un os, d’une intervention chirurgicale mineure à un accouchement, ces situations convergent toutes vers un point commun : la douleur. Oui, elle varie en intensité, en complexité et selon son origine (maladie, blessure, accident, intervention chirurgicale, traitement médical, etc.), mais elle demeure fondamentalement désagréable pour tout le monde.

Certaines personnes n’osent pas me dire qu’elles vivent avec une hernie discale ou qu’elles sont victimes d’une rage de dent, qu’elles souffrent du pied diabétique ou qu’elles éprouvent un mal de tête carabiné. Si elles le font au cours d’une conversation, il arrive qu’elles ajoutent timidement que leur douleur n’est rien si on la compare à la mienne et qu’elles ne devraient pas se plaindre devant moi. À cela, je répondrai toujours: qu’elle soit ponctuelle ou quotidienne, la douleur, c’est la douleur! C’est pourquoi il m’apparaît inutile, énergivore et contreproductif de chercher à comparer nos états (ou même notre médication). Cela ne donnera rien de plus ni à l’un ni à l’autre.

Je suis une personne de nature endurante, mais le SDRC m’a obligée à développer de nouvelles stratégies de tolérance, de prise en charge, de lâcher-prise et d’autocompassion en regard de ma condition. De ce fait, j’ose croire que mon diagnostic a fait de moi une personne davantage bienveillante et compatissante. Chacun de nous a le droit d’éprouver de la douleur, qu’elle soit simplement désagréable ou totalement insoutenable, peu importe son origine. Avoir mal à un moment ou à un autre, c’est, à la base, une sensation incontournable de la vie.

On sait aujourd’hui que le SDRC est classé parmi les états les plus douloureux dans les échelles standardisées. Or, le fait que j’en souffre ne devrait pas vous empêcher de me dire que vous ressentez de la douleur, vous aussi. Vous en avez le droit tout autant que moi… Ce n’est pas un privilège réservé aux guerriers du SDRC.

  1. Lisez ou relisez les billets La douleur du SDRC : l’allodynie et l’hyperalgésie et La douleur du SDRC : les crises pour en savoir davantage sur la douleur relative à un SDRC.

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