La douleur du SDRC: l’allodynie et l’hyperalgésie

Nous sommes maintenant dans la deuxième section de cette série de billets portant sur la douleur:

  1. La douleur nociceptive;
  2. La douleur chronique;
  3. La douleur neuropathique;
  4. La douleur du SDRC: l’allodynie et l’hyperalgésie;
  5. La douleur du SDRC : les crises;
  6. Conclusion.

Comme toujours, notez qu’il s’agit d’une vulgarisation et qu’en aucun cas je ne prétends être une experte sur le sujet.

Ah, le syndrome douloureux régional complexe!

Quelle est donc cette douleur qui caractérise le SDRC? Eh bien, c’est un «beau» mélange de douleur chronique et de douleur neuropathique!

En termes simples, le système nerveux des patient.e.s. souffrant du syndrome est défectueux, d’une part parce qu’il est hypersensible et hyperactif, d’autre part parce que les signaux de douleur sont transmis, analysés et traités de façon anormale.

Comme si cette réalité n’était pas suffisante, la douleur du SDRC est aussi associée à deux autres phénomènes qui se nomment allodynie et hyperalgésie. Ces mots peuvent rapporter beaucoup de points au Scrabble; or, dans la vraie vie, ce sont des sensations franchement désagréables, voire invalidantes. Sachant cela, il n’est maintenant plus si étonnant de savoir que le SDRC obtient l’un des pointages les plus élevés rapportés dans le questionnaire de douleur standardisé, établi en fonction du McGill Pain Questionnaire.

Image tirée de l’article d’Alana Mazzoni, publié dans le Daily Mail Australia en 2020.

Que sont l’allodynie et l’hyperalgésie?

Avec le SDRC, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

Nous avons appris, dans le billet portant sur la neuropathie, que la douleur peut se présenter sous différentes formes: brûlure, coups de couteau, spasmes, tiraillements, fourmillements, etc. En plus d’exister par elles-mêmes, ces sensations peuvent être provoquées ou exacerbées par:

  • Une allodynie: une douleur causée par une stimulation «douce» ou habituellement non douloureuse (ex.: une douleur ressentie au contact de l’eau du robinet lors du lavage des mains);
  • Une hyperalgésie: une réponse exagérée à un stimulus réputé douloureux (ex.: une douleur très intense lors d’une petite coupure avec une feuille de papier).

L’allodynie est difficile à contrôler, car les stimuli qui la provoquent sont très variés: le contact des draps ou d’un vêtement sur la zone affectée par le syndrome, une lumière vive, un bruit d’explosion au cinéma, une musique forte, un freinage brusque, un enfant qui crie, les vibrations de la voiture, de l’autobus ou du métro, etc.

Pour ma part, malgré le temps passé et les traitements reçus, je souffre encore un peu d’allodynie et d’hyperalgésie. En effet, je suis demeurée sensible, entre autres, au freinage brusque en voiture, aux sons forts, à la vibration dans les transports… et je ne vous parle même pas de la douleur générée si quelqu’un pile sur mes pieds!

Heureusement, l’hypersensibilité créée par ces deux phénomènes peut être atténuée par certains traitements d’ergothérapie et de physiothérapie. C’est ce que nous verrons dans un prochain billet.

Maintenant, que faire pour soulager la douleur du SDRC?

Tout traitement médicamenteux est unique et doit être adapté à chacun selon la lésion d’origine, son état physique et mental, de même que la réaction de son corps aux différents médicaments et aux différentes thérapies.

Parmi les traitements qui existent pour soulager la douleur du SDRC, on retrouve, entre autres, les opioïdes, les antalgiques, les antidépresseurs et les anticonvulsants. Dans certains cas, des blocs analgésiques peuvent aussi être pratiqués pour anesthésier le nerf problématique pendant un certain temps.

De plus, il est assez répandu que des traitements de physiothérapie, d’ergothérapie, d’électrothérapie et de psychothérapie soient aussi prescrits aux patient.e.s. afin de les soutenir dans le réadaptation et dans le «vivre avec».

Lorsqu’ils sont combinés, ces traitements ont de meilleures chances de stabiliser ou d’améliorer l’état des patient.e.s que s’ils sont entrepris de façon isolée. Ce sujet sera approfondi dans une prochaine série de billets.

Conclusion

Lorsqu’on souffre du SDRC, il est important de se rappeler que les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas. Les actions et les activités réalisées ce matin ne pourront peut-être pas être reconduites en après-midi. La journée d’hier ne prédit pas la journée de d’aujourd’hui. Notre niveau de douleur de la veille ne sera pas nécessairement le même le lendemain.

Bref, notre état peut fluctuer à l’intérieur d’une même journée ainsi que d’une journée à une autre. Il importe donc de trouver un équilibre dans notre quotidien et d’apprendre à gérer notre énergie tant dans les journées optimales que dans les journées difficiles. Il faut apprendre à lâcher prise face à la douleur, à aménager un espace de pause ou de repos dans notre horaire et à faire des choix selon les tâches souhaitées ou celles qui sont attendues. L’important, peu importe le scénario, est de respecter nos limites, mais sans pour autant nous laisser abattre par cette situation en montagnes russes.

Chaque nouveau jour qui se présente apporte son lot de défis, mais aussi son lot d’accomplissements quotidiens. Il faut absolument s’accrocher à ces derniers, si petits soient-ils.

Sources consultées

[s.a.] (2020). «Complex Regional Pain Syndrome (CRPS)», dans Cleveland Clinic. [En ligne]. Consulté le 30 mars 2022.

[s.a.] (2021). «Allodynia», dans Cleveland Clinic. [En ligne]. Consulté le 30 mars 2022.

Burckhardt, Carol S. et Jones, Kim D. (2003). «Adult Measures of Pain», dans Arthritis & Rheumatism. [En ligne]. Consulté le 2 avril 2022.

Dionne, Frédérick (2017). Libérez-vous de la douleur par la méditation et par l’ACT. France: Éditions Payot & Rivages.

Louw, Adriaan et al. (2014). Why Are My Nerves So Sensitive? Neuroscience Education for Patients with CRPS or RSD. États-Unis: International Spine and Pain Institute.

Mazzoni, Alana (2020). «The teenager burning from the inside: How a young woman lives with a rare condition that causes her to feel like she’s been « set on fire » and causes pain « like childbirth »», dans DailyMail.com. [En ligne]. Consulté le 2 avril 2022.

Montgomery, Lori [s.d.]. «La douleur neuropathique», dans AQDC – Association québécoise de la douleur chronique. [En ligne]. Consulté le 30 mars 2022.

St-Cyr-Leroux, Béatrice (2020). «Quand le toucher fait mal», dans Nouvelles – Faculté de médecine de l’Université de Montréal. [En ligne]. Consulté le 30 mars 2022.

Watson, James C. (2020). «Syndrome douloureux régional complexe», dans Le manuel Merck – Version grand public. [En ligne]. Consulté le 16 mars 2022.