Nouveau traumatisme en vue… et j’ai un peu peur

Il y a quelques jours, j’ai reçu une lettre importante de l’hôpital. Je suis maintenant inscrite sur la liste d’attente pour une intervention chirurgicale aux deux gros orteils. Ce sera mon sixième traumatisme au pied gauche et le premier au pied droit1-2.

Ai-je le choix? Pas vraiment.

En fait, oui, deux options s’offrent à moi.

Option 1: Conserver mes ongles tels qu’ils sont, et ce, avec tous les inconvénients subis, dont: une pression supplémentaire sur les terminaisons du célèbre nerf sciatique3; une pression supplémentaire de l’ongle sur l’orteil lors du port de chaussures ou, pire, de bottes; des ongles devenus fortement incarnés à cause des déformations causées par le SDRC. En résumé, mes ongles créent une douleur s’ajoutant à celle du syndrome. En choisissant cette option, j’ai donc la possibilité de demeurer dans mon état actuel et de continuer à éprouver deux types de douleur pour le prix d’un.

Option 2: Je peux tenter ma chance en faisant retirer les ongles de façon définitive. Il me restera ensuite à croiser les doigts pour espérer ressentir « uniquement » la douleur de mon SDRC. Cette intervention se nomme onyxectomie et, dans mon cas, elle sera totale, permanente et irréversible. En termes simples, cela implique le retrait de l’ongle et l’ablation définitive de sa racine afin d’éviter toute repousse ultérieure. Ce processus s’apparente à celui du dégriffage chez les chats.

De façon générale, toute intervention chirurgicale comporte son lot de risques. Pour les gens souffrant du SDRC, des précautions supplémentaires relatives à l’anesthésie doivent être prises, car, ne l’oublions pas, le syndrome désorganise le système nerveux.

Le véritable risque lié à l’onyxectomie relève donc de mon SDRC:

  • Comment mon système nerveux réagira-t-il à ce nouveau traumatisme?
  • Serai-je insensibilisée de façon efficace pendant l’intervention?
  • Comment mon syndrome se réveillera-t-il après l’anesthésie: reviendra-t-il dans son état actuel (ma nouvelle normalité) ou explosera-t-il, comme ce fut le cas au tout début de ma maladie?

Si le pire scénario se concrétisait, cela signifierait possiblement un retour à la case départ, comme en 2016: marchette ou béquilles, opioïdes, physiothérapie…

Alors oui, j’ai un peu peur.

Avec la pandémie et le délestage dans les hôpitaux, je ne sais pas quand auront lieu les deux phases de l’intervention (un pied à la fois… pour faire durer le plaisir!). Entre une personne souffrant d’un cancer et moi, la priorité est facile à accorder. Je pourrais donc attendre un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou pas du tout… Franchement, je n’en sais rien.

La décision n’a pas été prise à la légère. De nombreuses discussions ont été menées entre une plasticienne, une anesthésiologiste, une psychologue et moi, afin de dresser le portrait le plus précis possible de la situation.

J’ai décidé d’aller de l’avant et d’accepter l’opération. Malgré ma peur, je garde quand même l’espoir de jours meilleurs.

C’est un tir à pile ou face, j’en suis pleinement consciente… mais je suis une guerrière optimiste.

  1. Lisez ou relisez le billet La rage dans le coeur, mais du coeur au ventre pour en savoir davantage sur l’origine et la nature de mon SDRC.
  2. Le syndrome a grandement modifié l’apparence des ongles de mes deux gros orteils. Le gauche a été déformé, en 2016, par l’accident d’origine et par les quatre opérations qui ont suivi. Le droit, qui a hérité du SDRC en bilatéralité, s’est aussi transformé avec le temps. C’est pour cette raison que j’ai caché mes ongles sur les photos publiées dans les billets précédents (voir Le portrait douloureux du SDRC et Marcher une journée dans mes souliers avant de juger: un adage qui vaut mille « maux »).
  3. La trajectoire du nerf sciatique et de ses terminaisons se rend jusque dans le gros orteil.

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