Depuis 2016, j’ai eu si peur d’être déclarée invalide ou inapte à exercer mon emploi d’enseignante et, à maintes reprises, je suis passée si proche d’en arriver à cette triste conclusion…
Or, après six ans de colère, de frustration et de peine, après six ans de traitements, de thérapies et de médication, après six ans de douleur et de larmes, après six ans en arrêt complet ou au travail dix heures par semaine, après 15 mois consécutifs «stationnée» chez moi, je suis enfin de retour de travail à temps plein! (Eh oui, on a tiré sur le pansement d’un coup sec: de chez moi à 32 heures de travail par semaine sans transition ni retour progressif!)
Je me suis battue bec et ongles pour parvenir à dompter mon crocodile et pour défier les pronostics de ma maladie. Heureusement, je n’ai pas mené ce combat toute seule : j’ai été entourée de mes parents, de ma famille, de mes ami.e.s, de mon médecin traitant, de trois médecins spécialistes, d’une psychologue et de neuf thérapeutes qui m’ont tous aidée à me dépasser et à relever les nombreux défis lancés par la bête sauvage. Quelle grosse équipe de feu!
Je ne remercierai jamais assez toutes ces personnes formidables pour leur dévouement, leurs encouragements et leur écoute.
Mon retour au travail et ma rémission de mon syndrome douloureux régional complexe sont mes plus belles réussites de ces six dernières années.
Depuis mai 2016, ma vie est tout sauf normale. J’en aurai vécu, des montagnes russes! Je suis heureuse d’enfin voir briller les étoiles dans le ciel grâce à ma rémission.
Malgré les épreuves liées à la maladie et ayant eu un impact sur ma vie personnelle et professionnelle, je serai demeurée forte et droite dans ma tempête.
Je ne dois jamais l’oublier : je suis une guerrière.
Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais aujourd’hui, je souhaite célébrer cette victoire et cet espoir d’un retour à une vie presque normale (car vivre avec un crocodile, c’est loin d’être normal!).
Mon retour au travail marque aussi une petite mise en pause de ce blogue. Vous comprendrez sûrement qu’après toutes les épreuves traversées, je souhaite aujourd’hui me consacrer entièrement à ce retour au travail que j’attendais impatiemment, car il me faut éviter à tout prix des crises de douleur ou pire, une rechute de ma maladie.
Je continuerai tout de même à publier des billets de temps à autre, mais je ne le ferai plus de façon hebdomadaire comme je le faisais depuis les douze derniers mois.
Cela m’aura pris du temps avant d’avoir le courage de raconter sur le Web mon expérience avec le SDRC, mais j’ai fini par oser. Depuis septembre 2021, vous m’aurez lue chaque semaine avec assiduité et curiosité. Merci de m’avoir accompagnée dans les nombreux périples que m’a fait vivre mon crocodile. Vous m’avez permis de briser l’isolement et votre présence virtuelle a été une source de motivation, de réconfort et de bonheur.
Je sors grandie de cette expérience de blogueuse. L’écriture hebdomadaire a été une véritable thérapie. J’ai aimé jouer avec les mots pour vous présenter en quoi consiste ce syndrome si complexe (et qui porte si bien son nom!).
Je vous quitte donc pour un moment, mais je reviendrai dès que possible, c’est promis. Ce matin, je sortirai de la pièce tout doucement, sans bruit, sur la pointe des pieds. Je ne veux surtout pas réveiller ce crocodile nouvellement apprivoisé qui, pour l’heure, sommeille paisiblement à mes côtés. Chut! La bête est calme, laissons-la dormir confortablement tant qu’elle le souhaite puisqu’aujourd’hui, elle me laisse vivre à nouveau.